Rénover, c’est faire des compromis

Dans un monde idéal, nous pourrions supprimer toutes les pertes énergétiques de notre maison, C’est d’ailleurs pratiquement ce que l’on fait pour les maisons ‘passives’ ou mieux encore ‘à énergie positive’. Outre une grande attention à sa mise en œuvre, cette démarche nécessite l’utilisation de techniques spécifiques de construction difficilement applicables à nos constructions ‘anciennes’ qui n’ont pas été faites pour cela. En effet, Il est relativement facile d’isoler son toit, de changer ses fenêtres et de faire la ‘chasse aux courants d’air’ mais les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de faire de même pour le sol et les murs de nos maisons sans entamer de très gros travaux. Et que dire des nœuds constructifs qui pour la plupart résultent de la méthode de construction elle-même !

Avant même de se poser la question de quels travaux on va effectuer, il est nécessaire de savoir ce que vous voulez ou pouvez réaliser et quelles seront les limites que vous vous imposerez.

Le rapport qualité/prix

C’est mathématique, si on double l’épaisseur d’isolant, les pertes sont divisées par 2. De même, à épaisseur égale, plus la qualité d’un isolant sera haute, plus le niveau d’isolation sera élevé.

Sachant qu’en moyenne, 1m² de laine de verre de 20 cm d’épaisseur me fait épargner 4 à 5 €/an, installer 40 cm dans le plafond me fera gagner le double, mais cela sera-t-il rentable ?
Tout dépend du coût et des possibilités techniques qu’il faudra mettre en place pour pouvoir placer ces 20 cm de plus.

Pendant toute la durée de vos travaux, vous serez amenés à jongler entre la possibilité technique, la qualité et le prix des matériaux que vous mettrez en œuvre.

 

Le choix des travaux

• Isoler les murs par l’extérieur, est sans hésiter la méthode la plus efficace.
Cela permet d’appliquer la bonne épaisseur d’isolant et de supprimer la majorité des ‘nœuds de construction’… Ce n’est malheureusement pas toujours possible car nous ne sommes pas toujours propriétaires de l’espace qu’occupera cet isolant (sur le domaine public, chez le voisin) ni en mesure d’augmenter les avancées de toit en conséquence.
• Il y a une coulisse (espace libre) de 6 ou 7 cm entre le bloc et la brique des murs extérieurs ?
Y injecter un isolant est déjà un bon pas vers l’objectif, même si en faisant cela on n’atteindra pas le niveau d’isolation requis…
• Il est assez facile d’isoler un plancher par le dessous quand on dispose d’un sous-sol ou d’un vide ventilé.
Cela s’avère bien plus complexe de le faire quand la dalle est directement posée au sol. Sauf en cas de très grosse rénovation, nous n’allons pas casser tout le rez-de-chaussée pour ajouter une isolation.

Il existe des simulateurs qui permettent d’évaluer vos gains d’énergie avant de se lancer dans les travaux, cela vous permettra de vous faire une bonne idée du coût et de la rentabilité des travaux.

On le voit, le tout sera de faire une balance entre le coût des travaux et le temps qu’il vous faudra pour le rembourser grâce aux économies que vous réaliserez. 

L’isolant

Le vide est le meilleur isolant existant, malheureusement il n’est pas facilement utilisable sur terre si ce n’est pour des applications très spécifiques (les bouteilles thermos ou les tubes solaires thermiques par exemple).
L’air, par contre, est sans doute le meilleur isolant que nous ayons à notre disposition. Disponible partout, il est très efficace à condition d’être parfaitement immobile. Plus on mettra d’épaisseur d’isolant d’une part, autrement dit « plus le pull de la maison sera épais », et plus on l’empêchera de fuir d’autre part, autrement dit « plus le K-way sera étanche », plus notre maison sera confortable…
Les matériaux isolants se caractérisent par leur capacité à immobiliser l’air dans leur structure. Cette propriété sera renforcée par d’autres caractéristiques comme la possibilité de réguler l’humidité (qu’offre le chanvre, la cellulose, etc.) ou de réfléchir les rayons infrarouges par l’adjonction d’un film métallique. D’autres spécificités sont possibles et valent la peine d’être étudiées.

Pendant nos travaux, Il faudra jongler avec ces matériaux pour tirer le meilleur parti de chacune de leurs propriétés.

 

Le choix des matériaux :

Deux grands types de matériaux isolants s’opposent sur le marché. Les premiers, d’origine chimique ou minérale, sont les plus connus et utilisés. Qu’ils se présentent sous forme de matelas, flocons, billes, à projeter ou sous forme de panneaux, la plupart sont dérivés du pétrole. Leur mise en place, maitrisée depuis de nombreuses années n’ont plus vraiment de secrets et la grande majorité des vendeurs pourront vous guider efficacement dans leur choix.
Les matériaux biosourcés présentent souvent l’avantage d’être hygrorégulateurs. Ils emmagasinent les excès d’humidité dans la maison lorsque le temps est à la pluie pour les rediffuser lorsque le temps est sec. Ils contribuent ainsi à maintenir un taux d’humidité aux alentours de 50%, ce qui est idéal pour notre confort de vie.
En fonction de nos sensibilités, nous serons peut-être attirés par des matériaux plus naturels et/ou respectueux de l’environnement. En effet, rien de mieux pour notre bien-être et notre santé que de bénéficier d’un isolant naturel. De par leurs caractéristiques, en plus d’être efficaces, ils peuvent nous procurer un meilleur confort de vie en combinant des avantages que ne présentent pas les produits ‘chimiques’. Ils ne rejettent pas de phtalates et autres produits toxiques dans votre environnement de vie et nécessitent bien moins d’énergie grise pour leur fabrication. Cerise sur le gâteau, s’ils sont produits localement, ces produits font vivre notre région !

Le choix du matériaux n’est pas que financier. Il tient également compte de la tenue dans le temps, de ses propriétés hygrorégulatrices et pourquoi pas de son impact environnemental et sociétal.

La ventilation

Il existe 3 grands types de ventilation :
. Le Système A  fonctionne comme une cheminée par l’aménagement de points d’entrée d’air dans le bas du bâtiment et d’une évacuation dans le toit. Entièrement naturelle, elle ne nécessite aucun système de ventilation mais, dépendante des conditions climatiques (variation de pression atmosphérique, vent..) et des entrées sorties aménagées, sa régulation est relativement difficile.
. Le Système C utilise un ventilateur extracteur qui récolte l’air vicié des pièces humides de la maison (cuisine, salles d’eau, WC…) par un réseau de tuyauteries tandis que des ouvertures situées, la majeure partie du temps, dans la partie supérieure des châssis (grilles) des pièces sèches (living, chambres…) assurent l’entrée d’air. La présence de moteurs permet de s’affranchir des contraintes climatiques du type A et ainsi de mieux réguler le renouvellement d’air, entre autres en fonction de l’humidité.
. Le Système  D contrôle les flux d’air entrants et sortants au moyen de 2 ventilateurs. En les faisant se « croiser » dans un échangeur de chaleur, il permet à l’air entrant de récupérer une bonne partie des calories de l’air évacué avant de l’envoyer dans les diverses pièces de vie par le biais d’un réseau de canalisations.

La question de la ventilation doit être posée dès le début du projet d’isolation. Le choix de son type est guidé par les possibilités en termes de placement de tuyauteries et d’entretien régulier.

A l’impossible, nul n’est tenu.

Rien ne sert de paniquer si un des objectifs n’est techniquement pas atteint ou coûte trop cher pour être rentable, il est toujours possible de compenser (au moins partiellement) en renforçant une autre mesure. Augmenter un peu l’épaisseur de l’isolant du toit, mettre des fenêtres de meilleure qualité, augmenter l’étanchéité à l’air, installer une ventilation plus performante permettront de rattraper une ‘isolation par les coulisses’ un peu faible…
Utilisés à bon escient les moyens de production d’énergie verte (chaudières biomasse, panneaux solaires, éoliennes…) sont aussi un très bon complément aux mesures économes en énergie. Neutres en émissions de gaz carbonique (CO2), ils permettent de soustraire au calcul du PEB l’équivalent ‘pétrole’ qu’ils auraient occasionné si on avait utilisé des appareils conventionnels.

Mais, de grâce, évitez le court-circuit que préconisent certains professionnels de la construction qui, par ‘facilité’, installent des panneaux solaires ou une chaudière à pellets ‘juste’ pour avoir un PEB A !

Cela ne fait, dans la plupart des cas, que ‘cacher les misères’ d’une mauvaise conception ou, pire, d’un travail mal exécuté. En effet, les niveaux d’isolants et les étanchéités prévus dans les cahiers des charges des nouvelles constructions sont nettement suffisants pour atteindre cet objectif si leur mise en place est effectuée correctement !

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